mardi 11 septembre 2012

PREMIER FORUM SUR LE SYSTEME EDUCATIF TCHADIEN (Discours du PR)




- Monsieur le Premier Ministre
- Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale
- Mesdames et Messieurs les Présidents des Grandes Institutions de la  République
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement
- Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales - Mesdames et Messieurs les Députés
 - Distingués Invités
  - Mesdames et Messieurs
  - Chers Participants.

C’est avec un réel plaisir que je constate votre présence massive aux assises du premier Forum National de Réflexion sur le Système Educatif Tchadien. Cela, 17 ans après la tenue des Etats Généraux de l’Education Nationale recommandés par la Conférence Nationale Souveraine (CNS). L’occasion nous était alors donnée de réorienter notre politique éducative.

Aujourd’hui, ce serait un forum de plus, nous dirait-on ! Je ne le pense pas.
Je voudrais, avant de vous laisser débattre des sujets inscrits à l’agenda de ces assises, vous rappeler la forte ambition que je nourris pour un Tchad fier de son système éducatif.
En tant que force politique et cela depuis le 1er décembre 1990, nous avons toujours recherché à donner un contenu concret à notre idéologie politique de la social-démocratie. Cette démarche est bâtie sur la conviction que la répartition équitable des ressources nationales et la constante attention accordée aux questions liées à l’équité sont fondamentales dans l’édification d’une jeune nation comme le Tchad.
Sous ce rapport, l’Education est et restera toujours, pour nous, la base de tout développement. C’est pourquoi, nous avons très tôt fait réunir les professionnels en Etats Généraux dès 1994 pour approfondir le débat amorcé sur ce sujet à la Conférence Nationale Souveraine de 1993.
Nous avons prescrit dans les actions du Gouvernement le caractère prioritaire de l’Education. Nous avons souscrit à tous les engagements internationaux pertinents en la matière. Il s’agit notamment d’atteindre, d’ici à l’horizon 2015, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et ceux de l’Education Pour Tous (EPT).

Une Loi a tracé le cadre institutionnel de fonctionnement du système éducatif en 2006 afin de garantir le fondement de l’organisation, son fonctionnement et des actions menées par le Gouvernement. Cela traduit toute l’importance que le Tchad accorde à la valorisation des ressources humaines par l’Education comme socle de son développement.
Cette ambition a été constamment soutenue par toute l’attention portée à l’Education et les moyens conséquents mis à la disposition de l’Ecole tchadienne, depuis le cycle primaire jusqu’à l’université.
L’entrée de notre pays dans l’ère pétrolière a renforcé l’ampleur de cette ambition. C’est ainsi qu’il a été retenu d’allouer, chaque année, 20% du budget du Gouvernement aux services éducatifs.
En le faisant ainsi, nous nous fixons comme objectif d’assurer une Education équitable et de qualité pour tous les Tchadiens.

L’atteinte de cet objectif passe par la qualification des enseignants et l’amélioration de leurs conditions de travail, la disponibilité des équipements, le traitement des obstacles qui handicapent la scolarisation des enfants en milieu nomade ou insulaire, des enfants en situations difficiles et la scolarisation des filles.
Dans le cadre de mon mandat social, de nombreuses réalisations, allant dans le sens de la généralisation de l’Education de qualité, ont été opérées dans les domaines des constructions des infrastructures à tous les niveaux d’enseignement, des équipements et moyens logistiques, de la formation des enseignants, de la réforme des programmes, de la dotation en manuels scolaires et autres matériels didactiques.
Mon mandat actuel consacré à la promotion du développement rural vient réactualiser les actions déjà engagées en les tournant vers la plus grande partie de nos populations qui vivent dans les villages, les ferricks ou même tout simplement qui sont en mouvement dans le cadre de la transhumance saisonnière.
Mais quels résultats avons-nous obtenus ? Vos assises s’efforceront de diagnostiquer le secteur et nous dire exactement ce qui affaiblit les performances de l’école tchadienne.

Chacun de nous, et je parle ici en tant que Premier Père de famille dans ce pays, chacun de nous, dis-je, trouve que nos enfants ne reçoivent pas l’éducation structurée qui leur permettrait de prendre valablement notre relais. D’aucuns ont vite fait d’indexer la baisse de niveau, mais on peut se demander à quoi cela correspond. A la dernière session de l’examen du Baccalauréat, en juin 2012, le Gouvernement a dû revenir sur les décisions du jury en décidant d’organiser une deuxième fois le même examen en octobre.
De même, l’inadéquation de l’enseignement technique et professionnel aux besoins du marché de l’emploi demeure une préoccupation existentielle à l’heure où le Tchad rentre dans le club des pays industrialisés.
Une autre faiblesse réside dans la difficile effectivité de l’éducation bilingue malgré la formation continue des enseignants. Nous avons prescrit la pratique de l’enseignement de l’Arabe aux francophones et du Français aux arabophones sur l’ensemble du territoire national. Mais les effets tardent à être reflétés dans la vie commune des Tchadiens.

Mesdames, Messieurs
La précarité des moyens de l’Etat a conduit les parents d’élèves à s’organiser en association pour compléter les efforts déployés dans ce sens. La Fédération Nationale des Associations des Parents d’Elèves du Tchad (FENAPET) qui les coordonne est un partenaire incontournable et mérite nos encouragements.
L’appui des parents accroît la capacité d’accueil du système éducatif et une bonne partie de nos enfants trouvent des établissements proches de leur lieu de résidence. C’est la raison qui m’a conduit à prescrire que ceux de nos compatriotes, les maîtres communautaires, qui ont accepté de se sacrifier dans ces structures communautaires reçoivent un traitement qui les valorise. Nous avons, dans ce sens, décidé d’aligner leurs subsides sur les rémunérations minimales dues aux autres employés nationaux. Nous avons aussi, par des conventions, encouragé les initiatives d’enseignement privé laïc ou confessionnel.
Mais il nous faut être vigilant : l’existence des écoles communautaires et des écoles privées ne doit pas être l’arbre qui cache la spéculation affairiste et moins encore entretenir des garderies d’enfants au lieu des salles de classe digne de ce nom.

Par ailleurs, l’attention portée à la condition des enseignants fonctionnaires est restée constante. Je salue le sens de responsabilité des organisations professionnelles enseignantes qui comprennent la portée de cette attention. Je les encourage à améliorer le dialogue déjà fécond autour de l’école pour que nos enfants soient épargnés des surenchères politiques, car il n’y a pas d’éducation de qualité sans stabilité sociale durable.
En me décernant le titre de Premier Instituteur le 05 octobre 1995, les partenaires syndicaux de l’Education ont exprimé un sincère sentiment de confiance dans l’action que nous menons en faveur du système éducatif. Je leur suis très reconnaissant. De même, la Fédération des Associations Africaines des Parents d’Elèves et d’Etudiants (FAPE) m’a renouvelé la même attention en m’élevant au rang de Président d’Honneur en avril 2012. Ce sont autant de signes de complicité dont la saine compréhension nous permettrait de bien bâtir et faire fonctionner notre école.

En décidant de la tenue de ce Forum, nous voulons que l’école de la République retrouve ses lettres de noblesse dans l’édification de la Nation tchadienne. Creuset de cette unité, l’école doit se débarrasser des tares qui la minent et la dénaturent.
Du haut de cette tribune, je lance un appel aux Collectivités Territoriales décentralisées, aux ONG et à toutes les bonnes volontés intéressées, de se mobiliser pour soutenir les initiatives communautaires en éducation.
En tout état de cause, il est impératif de renverser les tendances négatives existantes. Le système éducatif tchadien, dans son ensemble, se doit de parvenir à l’excellence. C’est ce qui est attendu de ces assises, et les éminents experts nationaux et internationaux, conviés à ce Forum, nous diagnostiqueront et évalueront la situation actuelle sans complaisance.

Il nous faut, à l’issue de ces assises, convenir d’une nouvelle approche qui identifie toutes les imperfections de notre Système Educatif et propose des pistes appropriées pour des actions à court et moyen termes.
Au regard de la qualité des participants, je suis convaincu que nos assises sauront donner satisfaction à tous ceux qui se plaignent, comme moi, de la dégradation de la situation de notre école.
En souhaitant pleins succès à vos travaux, je déclare ouvert le Forum National de Réflexion sur le Système Educatif Tchadien.

Je vous remercie.